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L’EGLISE ABBATIALE DE ST GILDAS DE RHUYS

Par Anne d'après la visite de Muriel

 

2008 : anniversaire du millénaire de la reconstruction de l’église. A la demande du duc de Bretagne Geoffroy 1er, Félix est venu pour « relever et reconstruire le monastère de Rhyus ». Abbaye a une histoire très ancienne, très riche et très controversée : très peu de sources écrites, donc très peu de certitudes. La visite va développer l’histoire de ce lieu depuis les origines jusqu’à nos jours. Il est toujours occupé puisque les soeurs de la Charité de St Louis y habitent aujourd’hui.

Importance de ce site qui, aux 11ème-12ème siècles, était l’une des plus grandes abbayes bretonnes au même titre que Landévennec ou St Gildas des Bois ; équivalent à Cluny ou St Benoît sur Loire pour la Bretagne. Abbaye importante puisqu’elle avait de nombreuses terres sur la presqu’île et un peu partout en Bretagne, jusqu’aux îles Glénans.

 

L’abbé est considéré, durant tout le Moyen Age et jusque la Révolution, non seulement comme le chef des moines, mais encore comme un grand seigneur : « le seigneur-abbé de Rhuys » ; considéré à l’égal du duc de Bretagne, il a « rang ducal ». En presqu’île de Rhuys au Moyen Age, il y a 2 maîtres : le duc, installé à Suscinio, et l’abbé de Rhuys. Tout au long de l’histoire de l’abbaye les ducs s’y sont intéressé et lui ont octroyé des privilèges.

Si quelqu’un commettait une faute sur les terres de l’abbé, c’est lui qui le jugeait. Il avait droit de basse, moyenne et haute justice (à partir de 1503) : jugeait tous les types de délits, des plus bénins aux plus graves ; et avait le droit de prononcer la peine capitale (ne sera prononcé qu’une fois ou deux maximum). Sur la place à côté de l’église, une petite tour que la tradition appelle la « tour de prison » : on dit qu’au rez-de-chaussée se trouvait la geôle et au 1er étage, le tribunal. Geôle : lieu de détention commun. 11-12ème.

 

Grand respect de la population pour l’abbé. Réputation de sagesse de son 1er fondateur ;  « la vie de St Gildas » écrite par un moine anonyme. Saint originaire d’Ecosse ayant vécu au 6ème s. Famille de nobles qui habitait au centre de l’Ecosse dans une région appelée l’Albanie ; d’où son surnom de « Gildas l’albanien ». Comme tous les cadets de familles nobles, élevé dans un monastère (pays de Galles). Se montre très brillant. A l’âge de 25 ans, alors qu’il vient juste de devenir prêtre, c’est l’époque de la grande émigration bretonne.

Les Bretons émigraient non seulement vers l’Armorique, mais aussi sur tout le littoral depuis le Nord jusqu’à Bordeaux. Ces émigrants font confiance à des gens plus instruits pour les guider, et en particulier des moines (ou des chefs de guerre) qui les aident à s’installer. Petits groupes de 12 à 500 personnes.

S’installaient souvent sur des îles au début. Ici, selon la tradition, Gildas et ses compagnons se seraient installés sur l’île de Houat. Pourquoi les îles ? A l’époque, les moines passaient une partie de leur vie en communauté, et une autre seul, en ermite (on disait qu’il partaient au désert). Peut-être après ce long voyage, Gildas a-t-il voulut se ressourcer dans un endroit propre à la méditation et la prière ? Certains historiens évoquent ces îles comme des « no man’s land » : des lieux où les nouveaux réfugiés pouvaient s’installer et observer ; voir si les gens sont accueillants ou pas, s’il fallait payer quelque chose au seigneur local ou pas, se renseigner sur les critères d’établissement. A l’époque en Bretagne, on a 90% de forêts : il faut donc trouver un endroit déjà défriché, où il y a de l’eau, où on est à l’abri des vents dominants…

Après un temps passé à Houat, on dit que Waroc’h, le seigneur de Vannes aurait donné à Gildas et ses compagnons des terres sur le continent. En l’absence de fouilles, on ne peut être sûr de comment était l’endroit en 532. L’existence de l’abbaye à cette époque est même controversée. On peut imaginer une 1ère église en bois, ainsi que des cellules du même matériau : pierre bien trop chère et émigrants n’ayant pas de moyens financiers. D’une manière générale à l’époque, les bretons construisaient exclusivement en bois.

Temps partagé entre la prière et le travail ; beaucoup de jeûne. D’après tradition, Gildas ne mangeait que trois repas complets par semaine ; il vivait d’eau et d’herbes sauvages ! Un moine se devait de donner l’exemple. Les 1ers à avoir défriché l’endroit ; construction d’un hôpital, d’une école. 10ème : abbaye florissante ; pour preuve le 1er document écrit, retrouvé à la bibliothèque Ste Geneviève à Paris.

 

Au 10ème, les moines doivent fuir les invasions normandes et vont fonder un nouveau monastère à Véols près de Châteauroux. Ont emporté leurs beaux livres et leurs reliques. Par chance, un document de leur bibliothèque a été conservé par des particuliers et retrouvé il y a une centaine d’années à Paris. Il avait en fait été réutilisé pour servir de couverture à un autre manuscrit. Découvert par hasard en refaisant la reliure du livre. Ecrit en latin. Lettres des manuscrits du 10ème bien caractéristiques. Liste des livres que les moines avaient dans leur bibliothèque. Nombreux livres scolaires (ex. livres de grammaires) et universitaires ; d’où l’attestation de la présence d’une école. Ecole renommée où les nobles envoyaient leurs enfants. Egalement des livres sacrés et des livres d’histoire ; ex. histoire des Huns ou des Francs. Les moines s’intéressaient à tous les domaines de la culture. Grand centre de rayonnement intellectuel dont la bibliothèque pouvait concurrencer les plus importantes de France.

 

Duc Geoffroy 1er a réussi à faire la paix avec les Francs en épousant une princesse normande (Havoise, fille de Richard 1er de Normandie). Le roi de France a lui réussi à faire la paix avec les Vikings en leur donnant la Normandie. La guerre est donc finie, et on peut reconstruire à partir de 1008.

Egalement de nombreuses controverses à propos des travaux de reconstruction. Félix : 2ème personnage important de l’histoire de l’abbaye ; 2ème père fondateur. Reconstruit-il à partir des ruines existantes, ou rebâtit-il complètement ? Quand les travaux ont-ils été terminés ? On ne le sait pas non plus. On sait par contre que l’achèvement fut difficile à cause de problèmes financiers et de troubles. Fin 12ème : derniers grands travaux d’embellissement.

Dans l’église, contraste 2 styles : partie la plus ancienne, celle du chœur avec déambulatoire et chapelles rayonnantes + transept nord (roman), et le transept sud et la nef qui sont plus récents. Au 13ème : nef plus large et plus longue. Trace d’un mur d’arrachement visible au niveau du mur extérieur du transept nord ; preuve que la nef d’origine était plus large.

Selon écrits du 17ème, nef prolongée par narthex à l’époque. 1 étage où un soldat veillait en permanence à la sécurité de l’abbaye. Servait aux catéchumènes (personnes non baptisées) pour assister à la messe ; utilisé également lors des épidémies.

Il y avait plusieurs portes d’entrée : fonction de l’importance des gens, si civils ou moines, si nobles ou pas ; hiérarchie de la société se retrouvait donc aussi au niveau de l’église. Eglise des moines avant tout : les civils n’y entraient que sur autorisation de l’abbé, surtout lors de grandes cérémonies (Noël, Pâques...). Pour les gens du peuple, il y avait une autre église toute simple qui se trouvait à l’emplacement du cimetière actuel ; depuis la Révolution, ne reste de visible que son porche. Dans la nef, on ne se positionne pas comme on veut : 1ers rangs réservés aux moines ; séparés du peuple par un jubé. On ne les voyait pas, on les entendait juste chanter.

1636 le voyageur normand Nicolas Dubuisson Aubenay décrit les colonnes de la nef romane et leurs chapiteaux. Crise financière à l’abbaye dès le 16ème s. 1506, la « Commende » : roi de France embêté pour payer fonctionnaires car les caisses de l’état sont vides. Confie donc aux personnages importants de l’état des abbayes ; charge à eux de se rémunérer sur ce que produisent les domaines de ces grands monastères. Titre d’abbé purement honorifique ; n’étaient pas obligés d’être moines. Parfois ces personnages commendataires cumulaient la charge de plusieurs abbayes. Problèmes se posent : discipline ; l’abbé n’est pas sur place et dans le quotidien la gestion de l’abbaye est confiée à un prieur qui n’a pas l’autorité d’un abbé. Problème aussi dû au fait que l’abbé n’est pas élu par les autres moines, il est imposé. La mense (sa rémunération) peut représenter 1/3 des revenus de l’abbaye. Problème de l’entretien des bâtiments qui vont se dégrader lentement ; d’autant plus qu’on sort d’une guerre de 20 ans. Procès verbaux de visite signalent des bâtiments devenus inhabitables ; les moines se trouvent ainsi obligés de loger chez l’habitant, et le règle n’est plus du tout respectée.

Catastrophe en 1668 : la nef est frappée par la foudre. Les procès verbaux l’avaient déjà signalée comme ruinée ; idem pour la description de Dubuisson Aubenay. Le clocher qui se trouvait à la croisée du transept s’est écroulé sur la nef. Et en 1671, les Hollandais vont achever de ruiner l’abbaye.

 

17ème : après la crise, les réformes ; la Congrégation de St Maur va se consacrer à relever les abbayes où il y avait eu des problèmes au siècle passé, et va tenter de remotiver les moines. Ici pour redorer le blason de l’abbaye, les moines de la Congrégation vont tout d’abord offrir un retable à l’église : réalisé avec la pierre à la mode, le tuffeau, cette pierre blanche qu’on importe de la Loire ; beaucoup plus facile à travailler que le granite, et pierre de prestige. Au départ il a volontairement été placé dans le chœur pour cacher les colonnes, car l’art roman à cette époque est très mal vu. (N.B : terme roman n’a été inventé qu’au 19ème : à l’époque tout ce qui datait du Moyen Age était qualifié de gothique donc barbare.)

La nef qui était effondrée a été rebâtie dans un style classique, style plus sobre, où l’on tente de retrouver la rigueur de l’Antiquité. On a encore le devis de ce chantier : Delourme, architecte vannetais est chargé de la reconstruction ; il est connu pour avoir restauré l’église St Patern dans sa ville. On récupère les pierres de la nef pour reconstruire ; le réemploi est monnaie courante à l’époque. Le devis précise aussi qu’on va organiser des festivités pour l’arrivée des bateaux déchargeant le tuffeau. Ce matériau a été utilisé pour les voûtes, le bas de la nef étant réalisé en granite. Les mauristes s’intéressaient tout de même à l’histoire : ils ont conservé 2 anciens chapiteaux romans, transformés en bénitiers à l’entrée de la nef. Leurs dimensions imposantes laissent imaginer la taille des colonnes romanes. Travaux terminés en 1705.

 

Le chœur : lorsque les gens le découvrent ils ont le sentiment de voir des pierres neuves, et c’est vrai ! Avant la Révolution l’abbaye a de nouveau été en crise ; puis la Révolution a achevé de la ruiner. En 1892, on a dû refaire les chapiteaux romans car les anciens étaient trop abîmés. A l’époque romane on ne maîtrise pas certaines techniques ; ainsi on ne sait pas faire des voûtes indépendantes des murs porteurs, c’est donc une architecture plutôt simple. Le souci de Félix sera avant tout de faire solide. Petites ouvertures pour que le poids du toit ne fasse pas s’écrouler la partie supérieure. Eglise volontairement sombre, car en ces temps une église se doit de faire un peu peur. Chapiteaux reliés entre eux par des arcs doubleaux de plein cintre qui sont là pour des raisons de solidité ; également raisons symboliques.

Symboles très importants dans les églises romanes. Idem église de Loctudy ou de St Benoît sur Loire. Ici le transept nord penche légèrement, de 10°, pour représenter la tête penchée du Christ sur la croix. Les arcs doubleaux représentent eux, le lien entre le ciel et la terre. Importance de la symbolique des chiffres : 3 chapelles évoquent la Trinité. Le clocher était ajouré à l’origine : tour-lanterne ; les rayons du soleil qui s’entrecroisaient au niveau du chœur symbolisaient le renouveau. A l’extérieur, le long de la corniche, série de têtes mystérieuses au-dessus des corbeaux rappellent la peur de l’an 1000 et symbolisent l’opposition entre le bien et le mal.

L’église romane incite à réfléchir et fait un peu peur. Au début de la construction en 1008, on a encore présent à l’esprit la grande peur de l’an 1000, la peur de la fin du monde et la peur d’être jugé. C’était particulièrement vrai pour les gens en contact avec des moines. On se dit que la fin du monde pourrait arriver en 1033, à la date anniversaire de la mort du Christ ; et on s’y prépare…

 

Les retables : à partir du 17ème. Mettre en valeur les saints + fonction pédagogique : quand cérémonies dans l’église, les moines faisait l’éducation du peuple en expliquant les retables et la vie des saints ; instruction orale. Retable tuffeau 17ème : statue endommagée, traces de coups, cassée en morceaux à la Révolution.

Comment l’abbaye a-t-elle traversé cette période ? 1789 : au départ les bretons accueillent avec enthousiasme les 1ers évènements de la Révolution. Région pauvre : espoir d’avoir plus d’égalité. Mais quand apparaît l’anticléricalisme, se développe la chouannerie. 1792 ici : moines chassés, éparpillés ; église et bâtiments abbatiaux réquisitionnée par soldats. Ils pillent le mobilier et commencent à détruire les statues. Julien Le Héchaux, le maire aurait, dit-on, sauvé cette statue. Quand les soldats vont pour la détruire, il les arrête : « ordre de Robespierre : chaque mairie doit avoir une statue de la déesse raison » ! Bonnet phrygien sur la tête ; conservée durant toute la Révolution. Puis un groupe de contre-révolutionnaire va chasser les soldats et le drapeau blanc va flotter sur l’église. Mais église pas entretenue, tombe en ruine.

Partie supérieure du retable détériorée par l’humidité : refaite à l’identique par des Compagnons ; partie inférieure restaurée. A la même époque (2006), on a trouvé la fresque à côté.

 

Au départ les moines respectaient une règle très stricte inspirée de ce qui se faisait en Ecosse. Dès le 9ème siècle (818), le roi de France Louis Le Pieu, fils de Charlemagne, va imposer la règle de St Benoît pour toutes les abbayes. Chaque jour les moines font 6 h de prière, 6 h de travail intellectuel, et 6 h de travail manuel : journées de 18 h ! Ne sortaient pas : passaient directement de leur logement à l’église grâce à une porte.

Devant cet emplacement, une statue en bois de tilleul (très doux au toucher) datant des années 60, œuvre d’un sculpteur local, figurant St Benoît accompagné d’un corbeau qui lui aurait sauvé la vie. Benoît a vécu au 6ème s en Italie ; et lorsqu’il était seul sur le Mont Cassin, un corbeau lui aurait amené chaque jour à manger.

Moines n’avaient pas le droit de s’asseoir durant les 6 h de prière : astuce des miséricordes ; restaurées, se trouvaient au niveau du chœur et de l’inter-transept.

 

Le transept nord : partie la plus ancienne, 11-12ème. Présence de sépultures, car les gens pensaient que si l’on était enterré dans une église, on irait plus facilement au paradis. Ici, on enterrait les gens importants ; peuple inhumé dans l’église paroissiale. Tombeau de St Félix qui serait le constructeur de cette partie où nous nous trouvons. Tombeau de St Rioc, successeur de Félix ? Sur tombe sont écrits en latin son nom et son titre, mais point de date. Egalement les reliques de St Goustan : d’après tradition, aurait été pirate dans sa jeunesse ; ou kidnappé par des pirates pour lesquels il aurait travaillé comme un esclave. Un jour, gravement blessé au pied ; comme devenu inutile, abandonné par les pirates sur une plage déserte. Recueilli, soigné et converti par St Félix. Devenu moine : statue porte costume des moines bénédictins, « les moines noirs ». Porte un poisson : symbole pêcheur d’hommes, rassembleur ; après guérison parcourt la Bretagne jusque la Loire Atlantique pour soigner et aider les pauvres gens, mais aussi en tant que trésorier de l’abbaye reconstruite. La tradition dit aussi que quand seul sur son île, un dauphin ou un marsouin lui aurait sauté dans les bras ; ou qu’un poisson se serait multiplié… Nombreuses légendes dans vies de saints : histoires enjolivées pour que les croyants les retiennent mieux. Moines dont c’est le métier d’écrire des légendes : appelés les légendiers.

Ex-votos : maquette « le St Gildas », transportée en procession par des jeunes gens faisant leur service dans la Marine jusque dans les années 70. Cette maquette très imposante date du 19ème. A l’époque, entreprises spécialisées dans la fabrication de maquettes ex-votos : modèles standards. Ce bateau a été réparé là où il a été construit à La Rochelle où l’entreprise existe toujours.

Statues St Gildas et Félix dans des enfeus : nom vient du verbe enfouir.

 

Le déambulatoire : nombreuses « lames » ou pierres tombales. Autrefois au sol : « tapis de tombes ». 1835-40 : arrivée de Prospère Mérimée, 1er inspecteur des M.H. Avec son équipe, tour de France pour répertorier et lister les monuments historiques pour la 1ère fois. Va contribuer à faire classer l’abbatiale. Grands travaux ; lames accrochées aux murs pour les préserver du piétinement. Ici été enterrés les chevaliers : épée symbole chevalerie + armes de leur famille. Certaines lames remontent aux 11-12ème ; elles sont parfois inconnues car nom défunt pas toujours écrit sur tombe. De plus 90% des archives médiévales de l’abbaye a été perdu. Encore 60aine de cartons concernant l’abbaye aux archives du Morbihan ; mais n’ont pas été étudiées. La plupart ne remonte pas au-delà du 15ème s. L’abbé de Villeneuve a été le dernier à se faire enterrer ici en 1772. Arrêt de cette pratique à la fin du 18ème : objets de  plusieurs édits royaux. Raisons d’hygiène : en marchant sur des tombes, on risquerait d’attraper les maladies des défunts.

De plus, à la fin du 18ème, l’abbaye a perdu de son prestige, elle connaît à nouveau la crise : le pape Clément XIV va décider que les moines n’ont pas bien respecté la règle, et va les punir en retirant à St Gildas le titre d’abbaye. Tous les monastères n’avaient pas ce titre ; titre d’abbé, prestigieux, décerné par le pape pour distinguer les monastères d’importance. Quand les révolutionnaires arrivent ici, il n’y a plus que 5 moines…

Le déambulatoire était utilisé par les pèlerins qui venaient toucher les reliques des saints exposées dans les chapelles ; reliques supposées les faire guérir de maladies.

Les vitraux : refaits de 1948 à 62 par l’équipe du renommé maître-verrier alsacien Grüber, grâce au don d’un généreux mécène qui connaissait bien le recteur de la paroisse. Au 11ème, les vitraux étaient transparents, blancs ou jaunes, très simples. La couleur bleue, très difficile à obtenir, ne se développera qu’après le 12ème. Ces vitraux ont l’avantage de ne pas obscurcir l’intérieur.

Eglise romane toujours organisée autour de la sépulture d’un saint, Gildas ici. Reliques n’y sont plus : cf. pratique du toucher des ossements ; support à la prière. Pratique de déposer un bébé sur la tombe pour qu’il soit aussi sage que Gildas en grandissant. On l’invoque pour toutes les maladies en lien avec la tête : migraines, sinusites, folie, dépression. En général, saints sensés guérir maladies en lien avec leur vie et leur caractère : Gildas réputé pour être sage, intelligent et érudit. Gildas serait un surnom à l’origine, signifiant l’écrivain, le savant, le sage. Représenté avec une cloche : excellent fondeur ; les moines se devaient d’avoir un métier utile à la communauté. Selon la tradition, le pape aurait souhaité avoir une cloche fondue par le saint.

Découverte récente : le dais de procession derrière tombe. Dais tendu dans le bourg : la procession passait dessous. Richement brodé. Découvert dans le grenier du presbytère. 18ème-19ème ? Peut-être 19ème car représentation du Sacré Cœur dont le culte se développe beaucoup durant ce siècle. Y figurent le Christ bénissant, déco grappes de raisin, épis de blé, l’agneau pascal, le monogramme du Christ « Jésus fait homme » IHS Iesus Homo Salvator.

 

La chapelle axiale : l’abbaye de Rhuys est parfois appelée « l’abbaye des amoureux maudits » : cf. Héloïse et Abélard. En 1186, le duc Geoffroy II est mort : invité à la cour du puissant roi Philippe-Auguste, il participa à des joutes amicales durant lesquelles il tomba de son cheval ; les chevaux lui sont passés sur le corps et il est mort de ses blessures 3 jours plus tard. Constance, veuve inconsolable : très grand amour en dépit de leur mariage arrangé alors qu’elle avait 5 ans et lui 8. Geoffroy cadet de la famille des Plantagenets qui régnaient alors sur l’Angleterre et une grande partie de la France. Constance héritière de la Bretagne ; on les avait mariés pour mettre fin à l’affrontement entre ces 2 familles ennemies. On sait que Constance est venue ici à la fin du 12ème ; elle serait à l’origine de travaux d’embellissement en 1189. Longueur des travaux souvent due aux conflits : interruptions. La duchesse a été impressionnée par les cérémonies religieuses à l’abbaye ; a octroyé de nombreux privilèges aux moines. Aurait fait écrire le nom de son mari (« Priez Dieu pour Geoffroy » en latin), et aurait demandé aux moines de faire pour lui des prières perpétuelles. Aurait même fait représenter dehors les circonstances de sa mort : figure de 2 chevaliers qui s’affrontent.

 

Le déambulatoire, partie sud : pierre tombale de moine ; on y voit le livre de la règle bénédictine et la croix bénédictine, croix pattée. Même croix que celle des Croisées : on y verrait un croissant ; interprétée comme servant l’idéologie de la croix qui va l’emporter sur le croissant, l’islamisme.

Près de la sacristie, partie plus ancienne (datant d’avant les invasions vikings ?) que Félix aurait réintégré au nouvel édifice : chapiteaux beaucoup plus simples. D’autres historiens affirment qu’au 11ème s on sortait des invasions, et que les gens ici en Bretagne ne savaient pas bien travailler. Ils réalisaient donc des choses simples, plus archaïques. Au fur et à mesure du chantier les gens auraient appris et progressé. Architecture différente : dehors on peut remarquer que les murs sont plus larges à la base, et rétrécissent en montant.

Tombes d’enfants princiers, preuve des liens des ducs avec l’abbaye. Au Moyen Age, 1 enfant sur 3 meurt avant l’âge de 5 ans. Fille aînée du duc Jean IV, héritière du duché, morte à l’âge de 2 ans. Pour son enterrement elle a eu droit au cérémonial spécifique aux duchesses. Tombe de granite somptueuse avec sculpture en ronde-bosse. Très onéreux, représente des heures de travail. A l’époque, les sculpteurs doivent faire leur apprentissage obligatoire auprès d’un maître. Idem orfèvres ; artisans parmi les mieux rémunérés du Moyen Age. Sur la tombe figurent des angelots apportant la couronne ducale que l’enfant aurait dû porter un jour : enfant représenté dans son transfert vers le paradis, les mains jointes. A ses pieds, une levrette, chien de chasse souvent présent dans les châteaux au Moyen Age. Là encore, double symbole : symbole de fidélité (l’accompagne dans son transfert vers le paradis) + symbole de gloire pour la famille du duc. Jean IV a récupéré son trône après 20 ans de guerre. A la bataille d’Auray, la levrette de Charles de Blois serait venue vers Jean IV et lui aurait léché la main : interprété comme un présage de victoire pour Jean IV qui gagna la bataille et la guerre. Jean IV, embellisseur du château de Suscinio. Dans famille des Montfort, sur tombes : levrettes pour les femmes, lion pour les hommes ; ex. tombeau des parents d’Anne de Bretagne à Nantes.

3 autres tombes de futurs ducs morts en bas-âge : le fils de Jean Le Roux 1er et de sa femme Blanche, Thibault. 2ème tombe, même prénom : après mort du 1er, ont eu un 2ème enfant nommé Thibault en souvenir de son frère ; également décédé en bas-âge…

 

Histoire récente de l’abbaye : toujours en activité, communauté non plus d’hommes, mais de femmes : en 1824, les sœurs de la Charité de St Louis, communauté toute récente qui vient de se créer sur Vannes, rachète les bâtiments et s’y installe un orphelinat, une école ; puis une pension de famille à l’époque où les bains de mer se développent avec la station balnéaire. Dons à l’orphelinat qui deviendra plus tard un E.A.P : établissement pour adolescents handicapés ; il a été déplacé récemment sur Vannes. Aujourd’hui les sœurs s’occupent des enfants ; sœur Marie-Agnès a fait le tour du monde, dont à Madagascar, pour aider les enfants. Les Sœurs accueillent aussi des visiteurs en retraite, vacances, formation… Font également restauration dans l’ancienne salle des moines.

 

La sacristie : Louise de Mollet a eu un destin étonnant ; vécut au 18ème, mort en 1824. Origines nobles, mari exécuté sous la Terreur. Après le Concordat de 1801 et l’ouverture des églises aux chrétiens, elle fonde l’ordre des sœurs de la Charité. Réputée pour être une belle femme et une grande travailleuse.

Trésor : anciens objets précieux de culte et reliquaires. Autrefois exposés dans l’église. Objet le plus ancien : coffre du 14ème ; bois recouvert de cuivre, forme de chapelle. 2 personnages sur le côté : Jean et Marie. Au départ, contenait les ossements de St Gildas, mais devenait trop abîmé ; sans doute croix ou poignée au-dessus avant. Mis au rebut.

 4 reliquaires morphologiques, en forme de parties du corps contenant les ossements : « le chef de St Gildas » en forme de tête, un autre pour le bras, et 2 autres plus allongés pour la jambe, le genou et une partie de la cuisse. Très beau travail d’orfèvrerie : motifs telles rosaces de style gothique flamboyant + motifs celtiques. Cabochons faits avec des pierres de pays, du cristal de roche qu’on trouve sur les côtes. Brut : ocre marron ; il faut des heures de travail pour polir et obtenir ce jeu de loupe et de miroir.

Le reliquaire en forme de bras : la geste fait le geste de bénir : ossements visibles par la petite fenêtre. Datation difficile : 14-16ème. On remarque des petits trous au niveau du galon de la manche : petites pierres  précieuses avant, mais desserties et volées au 16ème.

Coffres argent et or : figuration de l’hermine ; les ducs ont donc été mécènes, pour faire construire ces coffres ou les embellir. Usure des reliquaires à force d’être touchés et portés en procession. Trace de réparation par endroits : petites plaques d’argent rajoutées. Coffre réalisé à Vannes en 1731 : atelier d’orfèvrerie important. 2ème : même modèle, lame de bois et feuilles d’argent. Le mot « pax » y figure : devise des bénédictins. Différence avec les autres coffres : la fleur de lys.

Reliques de plusieurs saints bretons dont St Samson.

Une mitre du 16ème : chapeau des grandes cérémonies ; brodée de fils d’or et d’argent. Abbé de Rhuys avait le droit de porter la mitre : considéré à l’= d’un évêque.

Très belle croix du 16ème ; c’est une preuve de la renommée de l’abbaye : des gens importants s’y intéressent. Don de Philippe de Lonti, un des abbés commenditaires de l’abbaye, proche de Catherine de Médicis ; c’est elle qui l’avait introduit en France. Cela montre qu’il y a quand même eu des commenditaires qui s’intéressaient au lieu. Sertie d’émeraudes ; sur son socle, comme une BD : cases avec personnages évoquant les grands moments de la vie du Christ.

Objets dévolus au culte : 3 calices de différentes époques. Celui du 18ème est décoré avec de l’or 24 carats : têtes d’angelots, fleurs et fruits. Celui du 16ème : représentations de saints. 19ème : le plus simple et le plus petit ; aussi la pièce la plus récente du trésor. On voit qu’on est après la Révolution : il y a moins d’argent et on recherche davantage la sobriété.

3 objets du 18ème : l’encensoir, la navette (petite boîte allongée pour conserver l’encens), et la custode ou pixide (petite boîte utilisée pour y mettre l’hostie pour les gens malades ou qui ne peuvent se déplacer pour venir communier).

Inventaire du trésor datant de 1619 : on voit qu’un coffre a disparu ; usé et jeté ou donné à autre église ? Manuscrit écrit en vieux français, preuve que les moines ne parlaient pas le breton mais le français, la langue de l’élite.

L’EGLISE ABBATIALE DE ST GILDAS DE RHUYS

 

 

2008 : anniversaire du millénaire de la reconstruction de l’église. A la demande du duc de Bretagne Geoffroy 1er, Félix est venu pour « relever et reconstruire le monastère de Rhyus ». Abbaye a une histoire très ancienne, très riche et très controversée : très peu de sources écrites, donc très peu de certitudes. La visite va développer l’histoire de ce lieu depuis les origines jusqu’à nos jours. Il est toujours occupé puisque les soeurs de la Charité de St Louis y habitent aujourd’hui.

Importance de ce site qui, aux 11ème-12ème siècles, était l’une des plus grandes abbayes bretonnes au même titre que Landévennec ou St Gildas des Bois ; équivalent à Cluny ou St Benoît sur Loire pour la Bretagne. Abbaye importante puisqu’elle avait de nombreuses terres sur la presqu’île et un peu partout en Bretagne, jusqu’aux îles Glénans.

 

L’abbé est considéré, durant tout le Moyen Age et jusque la Révolution, non seulement comme le chef des moines, mais encore comme un grand seigneur : « le seigneur-abbé de Rhuys » ; considéré à l’égal du duc de Bretagne, il a « rang ducal ». En presqu’île de Rhuys au Moyen Age, il y a 2 maîtres : le duc, installé à Suscinio, et l’abbé de Rhuys. Tout au long de l’histoire de l’abbaye les ducs s’y sont intéressé et lui ont octroyé des privilèges.

Si quelqu’un commettait une faute sur les terres de l’abbé, c’est lui qui le jugeait. Il avait droit de basse, moyenne et haute justice (à partir de 1503) : jugeait tous les types de délits, des plus bénins aux plus graves ; et avait le droit de prononcer la peine capitale (ne sera prononcé qu’une fois ou deux maximum). Sur la place à côté de l’église, une petite tour que la tradition appelle la « tour de prison » : on dit qu’au rez-de-chaussée se trouvait la geôle et au 1er étage, le tribunal. Geôle : lieu de détention commun. 11-12ème.

 

Grand respect de la population pour l’abbé. Réputation de sagesse de son 1er fondateur ;  « la vie de St Gildas » écrite par un moine anonyme. Saint originaire d’Ecosse ayant vécu au 6ème s. Famille de nobles qui habitait au centre de l’Ecosse dans une région appelée l’Albanie ; d’où son surnom de « Gildas l’albanien ». Comme tous les cadets de familles nobles, élevé dans un monastère (pays de Galles). Se montre très brillant. A l’âge de 25 ans, alors qu’il vient juste de devenir prêtre, c’est l’époque de la grande émigration bretonne.

Les Bretons émigraient non seulement vers l’Armorique, mais aussi sur tout le littoral depuis le Nord jusqu’à Bordeaux. Ces émigrants font confiance à des gens plus instruits pour les guider, et en particulier des moines (ou des chefs de guerre) qui les aident à s’installer. Petits groupes de 12 à 500 personnes.

S’installaient souvent sur des îles au début. Ici, selon la tradition, Gildas et ses compagnons se seraient installés sur l’île de Houat. Pourquoi les îles ? A l’époque, les moines passaient une partie de leur vie en communauté, et une autre seul, en ermite (on disait qu’il partaient au désert). Peut-être après ce long voyage, Gildas a-t-il voulut se ressourcer dans un endroit propre à la méditation et la prière ? Certains historiens évoquent ces îles comme des « no man’s land » : des lieux où les nouveaux réfugiés pouvaient s’installer et observer ; voir si les gens sont accueillants ou pas, s’il fallait payer quelque chose au seigneur local ou pas, se renseigner sur les critères d’établissement. A l’époque en Bretagne, on a 90% de forêts : il faut donc trouver un endroit déjà défriché, où il y a de l’eau, où on est à l’abri des vents dominants…

Après un temps passé à Houat, on dit que Waroc’h, le seigneur de Vannes aurait donné à Gildas et ses compagnons des terres sur le continent. En l’absence de fouilles, on ne peut être sûr de comment était l’endroit en 532. L’existence de l’abbaye à cette époque est même controversée. On peut imaginer une 1ère église en bois, ainsi que des cellules du même matériau : pierre bien trop chère et émigrants n’ayant pas de moyens financiers. D’une manière générale à l’époque, les bretons construisaient exclusivement en bois.

Temps partagé entre la prière et le travail ; beaucoup de jeûne. D’après tradition, Gildas ne mangeait que trois repas complets par semaine ; il vivait d’eau et d’herbes sauvages ! Un moine se devait de donner l’exemple. Les 1ers à avoir défriché l’endroit ; construction d’un hôpital, d’une école. 10ème : abbaye florissante ; pour preuve le 1er document écrit, retrouvé à la bibliothèque Ste Geneviève à Paris.

 

Au 10ème, les moines doivent fuir les invasions normandes et vont fonder un nouveau monastère à Véols près de Châteauroux. Ont emporté leurs beaux livres et leurs reliques. Par chance, un document de leur bibliothèque a été conservé par des particuliers et retrouvé il y a une centaine d’années à Paris. Il avait en fait été réutilisé pour servir de couverture à un autre manuscrit. Découvert par hasard en refaisant la reliure du livre. Ecrit en latin. Lettres des manuscrits du 10ème bien caractéristiques. Liste des livres que les moines avaient dans leur bibliothèque. Nombreux livres scolaires (ex. livres de grammaires) et universitaires ; d’où l’attestation de la présence d’une école. Ecole renommée où les nobles envoyaient leurs enfants. Egalement des livres sacrés et des livres d’histoire ; ex. histoire des Huns ou des Francs. Les moines s’intéressaient à tous les domaines de la culture. Grand centre de rayonnement intellectuel dont la bibliothèque pouvait concurrencer les plus importantes de France.

 

Duc Geoffroy 1er a réussi à faire la paix avec les Francs en épousant une princesse normande (Havoise, fille de Richard 1er de Normandie). Le roi de France a lui réussi à faire la paix avec les Vikings en leur donnant la Normandie. La guerre est donc finie, et on peut reconstruire à partir de 1008.

Egalement de nombreuses controverses à propos des travaux de reconstruction. Félix : 2ème personnage important de l’histoire de l’abbaye ; 2ème père fondateur. Reconstruit-il à partir des ruines existantes, ou rebâtit-il complètement ? Quand les travaux ont-ils été terminés ? On ne le sait pas non plus. On sait par contre que l’achèvement fut difficile à cause de problèmes financiers et de troubles. Fin 12ème : derniers grands travaux d’embellissement.

Dans l’église, contraste 2 styles : partie la plus ancienne, celle du chœur avec déambulatoire et chapelles rayonnantes + transept nord (roman), et le transept sud et la nef qui sont plus récents. Au 13ème : nef plus large et plus longue. Trace d’un mur d’arrachement visible au niveau du mur extérieur du transept nord ; preuve que la nef d’origine était plus large.

Selon écrits du 17ème, nef prolongée par narthex à l’époque. 1 étage où un soldat veillait en permanence à la sécurité de l’abbaye. Servait aux catéchumènes (personnes non baptisées) pour assister à la messe ; utilisé également lors des épidémies.

Il y avait plusieurs portes d’entrée : fonction de l’importance des gens, si civils ou moines, si nobles ou pas ; hiérarchie de la société se retrouvait donc aussi au niveau de l’église. Eglise des moines avant tout : les civils n’y entraient que sur autorisation de l’abbé, surtout lors de grandes cérémonies (Noël, Pâques...). Pour les gens du peuple, il y avait une autre église toute simple qui se trouvait à l’emplacement du cimetière actuel ; depuis la Révolution, ne reste de visible que son porche. Dans la nef, on ne se positionne pas comme on veut : 1ers rangs réservés aux moines ; séparés du peuple par un jubé. On ne les voyait pas, on les entendait juste chanter.

1636 le voyageur normand Nicolas Dubuisson Aubenay décrit les colonnes de la nef romane et leurs chapiteaux. Crise financière à l’abbaye dès le 16ème s. 1506, la « Commende » : roi de France embêté pour payer fonctionnaires car les caisses de l’état sont vides. Confie donc aux personnages importants de l’état des abbayes ; charge à eux de se rémunérer sur ce que produisent les domaines de ces grands monastères. Titre d’abbé purement honorifique ; n’étaient pas obligés d’être moines. Parfois ces personnages commendataires cumulaient la charge de plusieurs abbayes. Problèmes se posent : discipline ; l’abbé n’est pas sur place et dans le quotidien la gestion de l’abbaye est confiée à un prieur qui n’a pas l’autorité d’un abbé. Problème aussi dû au fait que l’abbé n’est pas élu par les autres moines, il est imposé. La mense (sa rémunération) peut représenter 1/3 des revenus de l’abbaye. Problème de l’entretien des bâtiments qui vont se dégrader lentement ; d’autant plus qu’on sort d’une guerre de 20 ans. Procès verbaux de visite signalent des bâtiments devenus inhabitables ; les moines se trouvent ainsi obligés de loger chez l’habitant, et le règle n’est plus du tout respectée.

Catastrophe en 1668 : la nef est frappée par la foudre. Les procès verbaux l’avaient déjà signalée comme ruinée ; idem pour la description de Dubuisson Aubenay. Le clocher qui se trouvait à la croisée du transept s’est écroulé sur la nef. Et en 1671, les Hollandais vont achever de ruiner l’abbaye.

 

17ème : après la crise, les réformes ; la Congrégation de St Maur va se consacrer à relever les abbayes où il y avait eu des problèmes au siècle passé, et va tenter de remotiver les moines. Ici pour redorer le blason de l’abbaye, les moines de la Congrégation vont tout d’abord offrir un retable à l’église : réalisé avec la pierre à la mode, le tuffeau, cette pierre blanche qu’on importe de la Loire ; beaucoup plus facile à travailler que le granite, et pierre de prestige. Au départ il a volontairement été placé dans le chœur pour cacher les colonnes, car l’art roman à cette époque est très mal vu. (N.B : terme roman n’a été inventé qu’au 19ème : à l’époque tout ce qui datait du Moyen Age était qualifié de gothique donc barbare.)

La nef qui était effondrée a été rebâtie dans un style classique, style plus sobre, où l’on tente de retrouver la rigueur de l’Antiquité. On a encore le devis de ce chantier : Delourme, architecte vannetais est chargé de la reconstruction ; il est connu pour avoir restauré l’église St Patern dans sa ville. On récupère les pierres de la nef pour reconstruire ; le réemploi est monnaie courante à l’époque. Le devis précise aussi qu’on va organiser des festivités pour l’arrivée des bateaux déchargeant le tuffeau. Ce matériau a été utilisé pour les voûtes, le bas de la nef étant réalisé en granite. Les mauristes s’intéressaient tout de même à l’histoire : ils ont conservé 2 anciens chapiteaux romans, transformés en bénitiers à l’entrée de la nef. Leurs dimensions imposantes laissent imaginer la taille des colonnes romanes. Travaux terminés en 1705.

 

Le chœur : lorsque les gens le découvrent ils ont le sentiment de voir des pierres neuves, et c’est vrai ! Avant la Révolution l’abbaye a de nouveau été en crise ; puis la Révolution a achevé de la ruiner. En 1892, on a dû refaire les chapiteaux romans car les anciens étaient trop abîmés. A l’époque romane on ne maîtrise pas certaines techniques ; ainsi on ne sait pas faire des voûtes indépendantes des murs porteurs, c’est donc une architecture plutôt simple. Le souci de Félix sera avant tout de faire solide. Petites ouvertures pour que le poids du toit ne fasse pas s’écrouler la partie supérieure. Eglise volontairement sombre, car en ces temps une église se doit de faire un peu peur. Chapiteaux reliés entre eux par des arcs doubleaux de plein cintre qui sont là pour des raisons de solidité ; également raisons symboliques.

Symboles très importants dans les églises romanes. Idem église de Loctudy ou de St Benoît sur Loire. Ici le transept nord penche légèrement, de 10°, pour représenter la tête penchée du Christ sur la croix. Les arcs doubleaux représentent eux, le lien entre le ciel et la terre. Importance de la symbolique des chiffres : 3 chapelles évoquent la Trinité. Le clocher était ajouré à l’origine : tour-lanterne ; les rayons du soleil qui s’entrecroisaient au niveau du chœur symbolisaient le renouveau. A l’extérieur, le long de la corniche, série de têtes mystérieuses au-dessus des corbeaux rappellent la peur de l’an 1000 et symbolisent l’opposition entre le bien et le mal.

L’église romane incite à réfléchir et fait un peu peur. Au début de la construction en 1008, on a encore présent à l’esprit la grande peur de l’an 1000, la peur de la fin du monde et la peur d’être jugé. C’était particulièrement vrai pour les gens en contact avec des moines. On se dit que la fin du monde pourrait arriver en 1033, à la date anniversaire de la mort du Christ ; et on s’y prépare…

 

Les retables : à partir du 17ème. Mettre en valeur les saints + fonction pédagogique : quand cérémonies dans l’église, les moines faisait l’éducation du peuple en expliquant les retables et la vie des saints ; instruction orale. Retable tuffeau 17ème : statue endommagée, traces de coups, cassée en morceaux à la Révolution.

Comment l’abbaye a-t-elle traversé cette période ? 1789 : au départ les bretons accueillent avec enthousiasme les 1ers évènements de la Révolution. Région pauvre : espoir d’avoir plus d’égalité. Mais quand apparaît l’anticléricalisme, se développe la chouannerie. 1792 ici : moines chassés, éparpillés ; église et bâtiments abbatiaux réquisitionnée par soldats. Ils pillent le mobilier et commencent à détruire les statues. Julien Le Héchaux, le maire aurait, dit-on, sauvé cette statue. Quand les soldats vont pour la détruire, il les arrête : « ordre de Robespierre : chaque mairie doit avoir une statue de la déesse raison » ! Bonnet phrygien sur la tête ; conservée durant toute la Révolution. Puis un groupe de contre-révolutionnaire va chasser les soldats et le drapeau blanc va flotter sur l’église. Mais église pas entretenue, tombe en ruine.

Partie supérieure du retable détériorée par l’humidité : refaite à l’identique par des Compagnons ; partie inférieure restaurée. A la même époque (2006), on a trouvé la fresque à côté.

 

Au départ les moines respectaient une règle très stricte inspirée de ce qui se faisait en Ecosse. Dès le 9ème siècle (818), le roi de France Louis Le Pieu, fils de Charlemagne, va imposer la règle de St Benoît pour toutes les abbayes. Chaque jour les moines font 6 h de prière, 6 h de travail intellectuel, et 6 h de travail manuel : journées de 18 h ! Ne sortaient pas : passaient directement de leur logement à l’église grâce à une porte.

Devant cet emplacement, une statue en bois de tilleul (très doux au toucher) datant des années 60, œuvre d’un sculpteur local, figurant St Benoît accompagné d’un corbeau qui lui aurait sauvé la vie. Benoît a vécu au 6ème s en Italie ; et lorsqu’il était seul sur le Mont Cassin, un corbeau lui aurait amené chaque jour à manger.

Moines n’avaient pas le droit de s’asseoir durant les 6 h de prière : astuce des miséricordes ; restaurées, se trouvaient au niveau du chœur et de l’inter-transept.

 

Le transept nord : partie la plus ancienne, 11-12ème. Présence de sépultures, car les gens pensaient que si l’on était enterré dans une église, on irait plus facilement au paradis. Ici, on enterrait les gens importants ; peuple inhumé dans l’église paroissiale. Tombeau de St Félix qui serait le constructeur de cette partie où nous nous trouvons. Tombeau de St Rioc, successeur de Félix ? Sur tombe sont écrits en latin son nom et son titre, mais point de date. Egalement les reliques de St Goustan : d’après tradition, aurait été pirate dans sa jeunesse ; ou kidnappé par des pirates pour lesquels il aurait travaillé comme un esclave. Un jour, gravement blessé au pied ; comme devenu inutile, abandonné par les pirates sur une plage déserte. Recueilli, soigné et converti par St Félix. Devenu moine : statue porte costume des moines bénédictins, « les moines noirs ». Porte un poisson : symbole pêcheur d’hommes, rassembleur ; après guérison parcourt la Bretagne jusque la Loire Atlantique pour soigner et aider les pauvres gens, mais aussi en tant que trésorier de l’abbaye reconstruite. La tradition dit aussi que quand seul sur son île, un dauphin ou un marsouin lui aurait sauté dans les bras ; ou qu’un poisson se serait multiplié… Nombreuses légendes dans vies de saints : histoires enjolivées pour que les croyants les retiennent mieux. Moines dont c’est le métier d’écrire des légendes : appelés les légendiers.

Ex-votos : maquette « le St Gildas », transportée en procession par des jeunes gens faisant leur service dans la Marine jusque dans les années 70. Cette maquette très imposante date du 19ème. A l’époque, entreprises spécialisées dans la fabrication de maquettes ex-votos : modèles standards. Ce bateau a été réparé là où il a été construit à La Rochelle où l’entreprise existe toujours.

Statues St Gildas et Félix dans des enfeus : nom vient du verbe enfouir.

 

Le déambulatoire : nombreuses « lames » ou pierres tombales. Autrefois au sol : « tapis de tombes ». 1835-40 : arrivée de Prospère Mérimée, 1er inspecteur des M.H. Avec son équipe, tour de France pour répertorier et lister les monuments historiques pour la 1ère fois. Va contribuer à faire classer l’abbatiale. Grands travaux ; lames accrochées aux murs pour les préserver du piétinement. Ici été enterrés les chevaliers : épée symbole chevalerie + armes de leur famille. Certaines lames remontent aux 11-12ème ; elles sont parfois inconnues car nom défunt pas toujours écrit sur tombe. De plus 90% des archives médiévales de l’abbaye a été perdu. Encore 60aine de cartons concernant l’abbaye aux archives du Morbihan ; mais n’ont pas été étudiées. La plupart ne remonte pas au-delà du 15ème s. L’abbé de Villeneuve a été le dernier à se faire enterrer ici en 1772. Arrêt de cette pratique à la fin du 18ème : objets de  plusieurs édits royaux. Raisons d’hygiène : en marchant sur des tombes, on risquerait d’attraper les maladies des défunts.

De plus, à la fin du 18ème, l’abbaye a perdu de son prestige, elle connaît à nouveau la crise : le pape Clément XIV va décider que les moines n’ont pas bien respecté la règle, et va les punir en retirant à St Gildas le titre d’abbaye. Tous les monastères n’avaient pas ce titre ; titre d’abbé, prestigieux, décerné par le pape pour distinguer les monastères d’importance. Quand les révolutionnaires arrivent ici, il n’y a plus que 5 moines…

Le déambulatoire était utilisé par les pèlerins qui venaient toucher les reliques des saints exposées dans les chapelles ; reliques supposées les faire guérir de maladies.

Les vitraux : refaits de 1948 à 62 par l’équipe du renommé maître-verrier alsacien Grüber, grâce au don d’un généreux mécène qui connaissait bien le recteur de la paroisse. Au 11ème, les vitraux étaient transparents, blancs ou jaunes, très simples. La couleur bleue, très difficile à obtenir, ne se développera qu’après le 12ème. Ces vitraux ont l’avantage de ne pas obscurcir l’intérieur.

Eglise romane toujours organisée autour de la sépulture d’un saint, Gildas ici. Reliques n’y sont plus : cf. pratique du toucher des ossements ; support à la prière. Pratique de déposer un bébé sur la tombe pour qu’il soit aussi sage que Gildas en grandissant. On l’invoque pour toutes les maladies en lien avec la tête : migraines, sinusites, folie, dépression. En général, saints sensés guérir maladies en lien avec leur vie et leur caractère : Gildas réputé pour être sage, intelligent et érudit. Gildas serait un surnom à l’origine, signifiant l’écrivain, le savant, le sage. Représenté avec une cloche : excellent fondeur ; les moines se devaient d’avoir un métier utile à la communauté. Selon la tradition, le pape aurait souhaité avoir une cloche fondue par le saint.

Découverte récente : le dais de procession derrière tombe. Dais tendu dans le bourg : la procession passait dessous. Richement brodé. Découvert dans le grenier du presbytère. 18ème-19ème ? Peut-être 19ème car représentation du Sacré Cœur dont le culte se développe beaucoup durant ce siècle. Y figurent le Christ bénissant, déco grappes de raisin, épis de blé, l’agneau pascal, le monogramme du Christ « Jésus fait homme » IHS Iesus Homo Salvator.

 

La chapelle axiale : l’abbaye de Rhuys est parfois appelée « l’abbaye des amoureux maudits » : cf. Héloïse et Abélard. En 1186, le duc Geoffroy II est mort : invité à la cour du puissant roi Philippe-Auguste, il participa à des joutes amicales durant lesquelles il tomba de son cheval ; les chevaux lui sont passés sur le corps et il est mort de ses blessures 3 jours plus tard. Constance, veuve inconsolable : très grand amour en dépit de leur mariage arrangé alors qu’elle avait 5 ans et lui 8. Geoffroy cadet de la famille des Plantagenets qui régnaient alors sur l’Angleterre et une grande partie de la France. Constance héritière de la Bretagne ; on les avait mariés pour mettre fin à l’affrontement entre ces 2 familles ennemies. On sait que Constance est venue ici à la fin du 12ème ; elle serait à l’origine de travaux d’embellissement en 1189. Longueur des travaux souvent due aux conflits : interruptions. La duchesse a été impressionnée par les cérémonies religieuses à l’abbaye ; a octroyé de nombreux privilèges aux moines. Aurait fait écrire le nom de son mari (« Priez Dieu pour Geoffroy » en latin), et aurait demandé aux moines de faire pour lui des prières perpétuelles. Aurait même fait représenter dehors les circonstances de sa mort : figure de 2 chevaliers qui s’affrontent.

 

Le déambulatoire, partie sud : pierre tombale de moine ; on y voit le livre de la règle bénédictine et la croix bénédictine, croix pattée. Même croix que celle des Croisées : on y verrait un croissant ; interprétée comme servant l’idéologie de la croix qui va l’emporter sur le croissant, l’islamisme.

Près de la sacristie, partie plus ancienne (datant d’avant les invasions vikings ?) que Félix aurait réintégré au nouvel édifice : chapiteaux beaucoup plus simples. D’autres historiens affirment qu’au 11ème s on sortait des invasions, et que les gens ici en Bretagne ne savaient pas bien travailler. Ils réalisaient donc des choses simples, plus archaïques. Au fur et à mesure du chantier les gens auraient appris et progressé. Architecture différente : dehors on peut remarquer que les murs sont plus larges à la base, et rétrécissent en montant.

Tombes d’enfants princiers, preuve des liens des ducs avec l’abbaye. Au Moyen Age, 1 enfant sur 3 meurt avant l’âge de 5 ans. Fille aînée du duc Jean IV, héritière du duché, morte à l’âge de 2 ans. Pour son enterrement elle a eu droit au cérémonial spécifique aux duchesses. Tombe de granite somptueuse avec sculpture en ronde-bosse. Très onéreux, représente des heures de travail. A l’époque, les sculpteurs doivent faire leur apprentissage obligatoire auprès d’un maître. Idem orfèvres ; artisans parmi les mieux rémunérés du Moyen Age. Sur la tombe figurent des angelots apportant la couronne ducale que l

’enfant aurait dû porter un jour : enfant représenté dans son transfert vers le paradis, les mains jointes. A ses pieds, une levrette, chien de chasse souvent présent dans les châteaux au Moyen Age. Là encore, double symbole : symbole de fidélité (l’accompagne dans son transfert vers le paradis) + symbole de gloire pour la famille du duc. Jean IV a récupéré son trône après 20 ans de guerre. A la bataille d’Auray, la levrette de Charles de Blois serait venue vers Jean IV et lui aurait léché la main : interprété comme un présage de victoire pour Jean IV qui gagna la bataille et la guerre. Jean IV, embellisseur du château de Suscinio. Dans famille des Montfort, sur tombes : levrettes pour les femmes, lion pour les hommes ; ex. tombeau des parents d’Anne de Bretagne à Nantes.

3 autres tombes de futurs ducs morts en bas-âge : le fils de Jean Le Roux 1er et de sa femme Blanche, Thibault. 2ème tombe, même prénom : après mort du 1er, ont eu un 2ème enfant nommé Thibault en souvenir de son frère ; également décédé en bas-âge…

 

Histoire récente de l’abbaye : toujours en activité, communauté non plus d’hommes, mais de femmes : en 1824, les sœurs de la Charité de St Louis, communauté toute récente qui vient de se créer sur Vannes, rachète les bâtiments et s’y installe un orphelinat, une école ; puis une pension de famille à l’époque où les bains de mer se développent avec la station balnéaire. Dons à l’orphelinat qui deviendra plus tard un E.A.P : établissement pour adolescents handicapés ; il a été déplacé récemment sur Vannes. Aujourd’hui les sœurs s’occupent des enfants ; sœur Marie-Agnès a fait le tour du monde, dont à Madagascar, pour aider les enfants. Les Sœurs accueillent aussi des visiteurs en retraite, vacances, formation… Font également restauration dans l’ancienne salle des moines.

 

La sacristie : Louise de Mollet a eu un destin étonnant ; vécut au 18ème, mort en 1824. Origines nobles, mari exécuté sous la Terreur. Après le Concordat de 1801 et l’ouverture des églises aux chrétiens, elle fonde l’ordre des sœurs de la Charité. Réputée pour être une belle femme et une grande travailleuse.

Trésor : anciens objets précieux de culte et reliquaires. Autrefois exposés dans l’église. Objet le plus ancien : coffre du 14ème ; bois recouvert de cuivre, forme de chapelle. 2 personnages sur le côté : Jean et Marie. Au départ, contenait les ossements de St Gildas, mais devenait trop abîmé ; sans doute croix ou poignée au-dessus avant. Mis au rebut.

 4 reliquaires morphologiques, en forme de parties du corps contenant les ossements : « le chef de St Gildas » en forme de tête, un autre pour le bras, et 2 autres plus allongés pour la jambe, le genou et une partie de la cuisse. Très beau travail d’orfèvrerie : motifs telles rosaces de style gothique flamboyant + motifs celtiques. Cabochons faits avec des pierres de pays, du cristal de roche qu’on trouve sur les côtes. Brut : ocre marron ; il faut des heures de travail pour polir et obtenir ce jeu de loupe et de miroir.

Le reliquaire en forme de bras : la geste fait le geste de bénir : ossements visibles par la petite fenêtre. Datation difficile : 14-16ème. On remarque des petits trous au niveau du galon de la manche : petites pierres  précieuses avant, mais desserties et volées au 16ème.

Coffres argent et or : figuration de l’hermine ; les ducs ont donc été mécènes, pour faire construire ces coffres ou les embellir. Usure des reliquaires à force d’être touchés et portés en procession. Trace de réparation par endroits : petites plaques d’argent rajoutées. Coffre réalisé à Vannes en 1731 : atelier d’orfèvrerie important. 2ème : même modèle, lame de bois et feuilles d’argent. Le mot « pax » y figure : devise des bénédictins. Différence avec les autres coffres : la fleur de lys.

Reliques de plusieurs saints bretons dont St Samson.

Une mitre du 16ème : chapeau des grandes cérémonies ; brodée de fils d’or et d’argent. Abbé de Rhuys avait le droit de porter la mitre : considéré à l’= d’un évêque.

Très belle croix du 16ème ; c’est une preuve de la renommée de l’abbaye : des gens importants s’y intéressent. Don de Philippe de Lonti, un des abbés commenditaires de l’abbaye, proche de Catherine de Médicis ; c’est elle qui l’avait introduit en France. Cela montre qu’il y a quand même eu des commenditaires qui s’intéressaient au lieu. Sertie d’émeraudes ; sur son socle, comme une BD : cases avec personnages évoquant les grands moments de la vie du Christ.

Objets dévolus au culte : 3 calices de différentes époques. Celui du 18ème est décoré avec de l’or 24 carats : têtes d’angelots, fleurs et fruits. Celui du 16ème : représentations de saints. 19ème : le plus simple et le plus petit ; aussi la pièce la plus récente du trésor. On voit qu’on est après la Révolution : il y a moins d’argent et on recherche davantage la sobriété.

3 objets du 18ème : l’encensoir, la navette (petite boîte allongée pour conserver l’encens), et la custode ou pixide (petite boîte utilisée pour y mettre l’hostie pour les gens malades ou qui ne peuvent se déplacer pour venir communier).

Inventaire du trésor datant de 1619 : on voit qu’un coffre a disparu ; usé et jeté ou donné à autre église ? Manuscrit écrit en vieux français, preuve que les moines ne parlaient pas le breton mais le français, la langue de l’élite.

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