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La chanson paillarde, qui a irrité les Camaretois mais contribué à faire connaître la ville, a été écrite il y a un siècle. Auteur plus que probable de ces couplets de salle de garde, Laurent Tailhade.

 

Ancien professeur de lettres classiques et coauteur, avec Didier Cadiou et Jean-Jacques Kerdreux, de l'ouvrage «La presqu'île de Crozon» (Éditions Palantines), Marcel Burel a fait des recherches approfondies sur l'histoire de la chanson paillarde «Les filles de Camaret». Une histoire à rebondissements comme il l'a raconté, jeudi soir, à la salle Saint-Ives, à une soixantaine de personnes. «Après toutes ces recherches, j'ai la quasi-certitude que «Les filles de Camaret» ont été écrites entre1904 et1914 par l'écrivain journaliste polémiste Laurent Tailhade», affirme Marcel Burel. L'ancien professeur de latin et de grec s'appuie sur un certain nombre de faits qui se sont déroulés à Camaret, à Morgat et au Fret au début du siècle dernier.

 

La tour Vauban «un cube hideux»

 

En 1902, Laurent Tailhade passe ses vacances d'été à Camaret qui était déjà fréquenté par de nombreux artistes, hommes de théâtre et écrivains parisiens. Il descend à l'hôtel de France qui, avec l'hôtel de la Marine, accueille ces vacanciers aux noms désormais connus des Camaretois: André Antoine, Charles Cottet, Gustave Toudouze... Le séjour se passe tellement bien qu'il revient un an plus tard, accompagné de son épouse et d'un peintre catalan, Evelio Torrent. Laurent Tailhade semble avoir changé d'avis sur cette partie de la Bretagne puisque dans une série d'articles, parus dans le quotidien parisien «L'Action», il n'hésite pas à écrire à la mi-août que «La tour Vauban est un cube de pierres assez hideux», que «La chapelle Rocamadour se distingue par l'absence totale de caractère et de beauté» et que «le recteur (curé) Le Bras mendie à domicile et quête en personne chez tous les baigneurs, accompagné d'une cinquantaine d'ivrognes qui stationnent devant les hôtels suspectés d'abriter des Parisiens». Les Camaretois ne lisent pas «L'Action». Mais «La Dépêche», «Le Télégramme» d'alors, publie l'ensemble des articles diffamatoires de Laurent Tailhade qui, le 15août, à l'occasion de la fête de la Vierge, avait placé un pot de chambre sur la fenêtre de sa chambre, à l'hôtel de France, juste avant que ne passe la procession. Choqués par cette provocation anticléricale et encore plus par les articles peu flatteurs, plus de 1.800 Camaretois manifestent le 28août devant l'hôtel de France en criant notamment: «A mort Tailhade», «A l'eau l'anarchiste». Son ami catalan n'arrange pas les choses en ouvrant sa fenêtre donnant sur le port et en faisant plus ou moins semblant de nettoyer son fusil de chasse. Laurent Tailhade, qui craint pour sa vie et celle de sa femme qui avait d'ailleurs fait localement l'objet d'une chanson particulièrement moqueuse, demande alors au procureur de la République de Châteaulin de le protéger. Vers 3h du matin, des gendarmes à cheval arrivent à Camaret et permettent, le lendemain matin, à Laurent Tailhade de quitter la ville sous les huées. Pour se rendre à Morgat, à l'hôtel Pia.

 

Menacé d'être jeté à l'eau

 

Le 15septembre, l'écrivain anarchiste et polémiste se rend au Fret pour prendre le bateau allant à Brest. Il est reconnu par des marins camaretois qui menacent de le jeter à l'eau. Il est obligé de rentrer précipitamment à Morgat. L'écrivain parisien porte alors plainte contre X, c'est-à-dire contre les marins du Fret et contre les manifestants du 28août. En janvier, cette affaire est jugée aux assises de Quimper, Tailhade ayant porté plainte, le curé Le Bras également. L'écrivain parisien est acquitté et le recteur camarétois s'en sort avec des remontrances. Mais Laurent Tailhade, qui n'a jamais oublié la chanson vengeresse écrite contre son épouse et son départ précipité de Camaret, sous la protection des gendarmes, se serait vengé en écrivant «Les filles de Camaret» quelques mois ou quelques années après les assises de Quimper. «C'est grâce à la cour d'assises quimpéroise que l'on en sait plus sur l'origine probable de cette chanson paillarde qui, malgré tout, a contribué à la notoriété de la cité portuaire», conclut Marcel Burel

 

 

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